Compte-rendu de la réunion du 29 novembre 1963

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Ouvroir de Littérature Potentielle

Circulaire n° 40

Compte-Rendu du 29 novembre 1963

Présents : Bens, Berge, Queneau, Queval, Lescure, Le Lionnais, Schmidt, Arnaud, Blavier, Duchateau.

Invités : Les esclaves : Guy Le Clech’, Michel Bernard.

Présidents : Le Lionnais, Queneau.

***

L’unanimité se fait sur la tarte aux fraises, malgré l’opposition de Noël Arnaud – partisan de la tarte aux pommes – que Queneau traite de trotskiste, et sur la bi-présidence des co-fondateurs Le Lionnais et Queneau à l’occasion du trianniversaire (et double kirs) de l’OuLiPo.

Les places sont prises d’assaut, des non-discours prononcés. Puis Le Lionnais se donne la parole et la prend.

***

LE LIONNAIS : Il faudrait insister sur cette notion du non. Michel Bernard est en effet le non auteur de la Bête Ecarlate.

ARNAUD : Et le non coureur à pied.

LE CLECH’ : Forcément : le dernier, c’est la Bête Ecarlate.

LE LIONNAIS : Autre problème : si nous élevons N. Bernard au diaconat suivrons-nous l’exemples du concile qui vient d’octroyer aux diacres le droit au mariage.

(Bruit blanc prolongé.)

QUENEAU : J’ai reçu une lettre de Madame Hichberg.

DUCHATEAU : Moi aussi.

LE LIONNAIS : Messieurs de la dignité !

QUENEAU : Elle voudrait qu’on s’intéresse à ces travaux de traductions automatiques.

TOUS : Mais bien sûr.

QUENEAU : Personne ne l’a fait.

TOUS : Elle ne nous a pas communiqué ses travaux.

QUENEAU : Si, sans cela ma remarque serait sans objet.

UNE VOIX : Qui a reçu ces travaux ?

QUENEAU : Nous… moi.

(Nouveau bruit blanc.)

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    DUCHATEAU : Dans sa lettre, Madame Hitchberg me disait qu’elle avait « perforé » nos trois nouvelles, mais que le passage à la machine était retardé par certaines contingences.

    BERGE : L’Euratom n’a pas renouvelé les contrats : Brafford cherche du travail.

    QUENEAU : Gross nous a déjà dit que la traduction automatique avait du plomb dans l’aile aux U.S.A.

    ARNAUD : C’est un complot contre l’OuLiPo.

    BERGE : Gross et Hitchberg ne sont pas d’accord sur les problèmes – et les difficultés – que pose la traduction automatique.

    QUENEAU : Je le répète : méfions-nous de la linguistique.

    LE LIONNAIS : Madame Hitchberg est-elle épuisée ?

    QUENEAU : Cela dépasse ma compétence. Berge vous ne voulez pas vous en occuper ?

    BERGE : Je la prends.

    LE LIONNAIS : Est-ce fini ?

    BENS : Je plaide coupable.

    TOUS : Le haut de forme.

    BENS : J’ai eu connaissance des travaux de Madame Hitchberg. D’ailleurs, à Bruxelles, dès après votre départ, j’avais été victime d’une « enquête » en vue d’une collaboration à leurs travaux.

    LE LIONNAIS : Je vous avais prévenu, il faut toujours dire non. C’est un très grand honneur de travailler pour nous : nous n’avons pas le temps de travailler pour eux.

    (Bruit noir.)

    QUENEAU : Fin janvier, je vais (peut-être) faire une conférence sur l’OuLiPo à l'Institut Poincaré, invité par le Séminaire de linguistique quantitative.

    LE LIONNAIS : Nous irons tous.

    QUENEAU : Merci. A propos de comptes-rendus, c’est bien parti chez Gallimard.

    LESCURE (sous la table) : Y a un trou entre les tables.

    QUENEAU : Tu me prends la jambe.

    LESCURE : On ne peut pas les rapprocher alors.

    ARNAUD : Recommencez à Poincaré, Queval et moi on n’a rien compris.

    QUENEAU (continuant) : C’est sérieux. On fera un tirage restreint pour rester confidentiel, on aura des sous.

    ARNAUD : De quoi parlez-vous ?

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      LE LIONNAIS : C’est inadmissible, ils n’écoutent pas !

      ARNAUD : On n’entend rien. (Il est au bout de la table.)

      BENS : J’aime pas le cresson.

      QUEVAL : Très bon titre pour les comptes-rendus, j’aime pas le cresson.

      LE LIONNAIS : Donc vous avez suivi.

      QUEVAL : J’ai deviné.

      QUENEAU : Dans le rapport, j’ai signalé que grâce à Jacques Bens nous pouvions prétendre à une qualité littéraire indiscutable. C’était un argument de choc. (Annexe O  .)

      SCHMIDT : Est-ce que nos noms seront cités ? Ne devrait-on pas rester anonymes ?

      LE LIONNAIS : Non : il n’est rien que nos noms n’honorent.

      BENS : A propos de comptes-rendus : il y a le compte-lescure-rendu : trente pages impossibles à couper. Mais un jour, faites-moi confiance (plusieurs voix : oui, oui), vous l’aurez le compte-rendu. Tout comme les archives : la valeur d’une valise.

      (Duchateau s’écroule.)

      Serveuse : Qui veut des tartes ?

      BLAVIER : Pas moi.

      LE LIONNAIS : Il a la sienne.

      LE CLECH’ : On apporte son manger.

      BLAVIER : J’ai quelque chose à dire : (Annexe I  ).

      BERGE : Je vous ai apporté un poème moebien fourni par Monsieur F… ça se lit en suivant (geste à l’appui).

      QUEVAL : C’est de la littérature tordue : on peut pas la remettre droit.

      QUENEAU : Vandale.

      QUEVAL : Ah ! pardon.

      LE LIONNAIS : Vous avez la parole.

      QUEVAL : Je vais parler d’autre chose : des majuscules. Originairement les majuscules ça sert à marquer le début des vers. On pourrait compliquer, devenir plus subtils : par exemple, les majuscules seraient fonction d’une nécessité logique, des majuscules pour ce qui est important.

      ARNAUD : René Ghil a fait ça déjà.

      QUENEAU : C’est encore un plagiat par anticipation. Moi, j’en ai deux de ces plagiats à vous communiquer :

      Hermes Romanus. C II n° 81 janvier 1817. Poème de 4.000 vers (chacun d’un mot de deux syllabes), les mots étaient empruntés pour les cinq sixièmes au vocabulaire de Catulle. Sujet du poème

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        la vraie philosophie. Auteur Barbier Vémars (lequel a également publié les Annales des Arts et Manufactures en 56 volumes in-8 de 336 pages chacun) ;

        2° Plagiat : Gross m’a dit que l’analyse matricielle a déjà été faite par Harris Matthews.

        BERGE : On pourrait peut-être citer aussi la machine à démontrer des théorèmes de Swift : des savants étaient conviés à jeter en l’air des lettres de l’alphabet. Si la réponse était mauvaise, ils recommençaient.

        LE LIONNAIS : Messieurs, un peu de méthode. La parole est à Noël Arnaud.

        QUEVAL : A cerisy, lors de la décade Queneau

        LE LIONNAIS : J’ai dit Noël Arnaud.

        ARNAUD : Je voulais communiquer le papier de Moles sur l’art permutationnel. (Voir Annexe II  .)

        LE LIONNAIS : Nous en discuterons lorsque nous l’aurons tous lu : Queval.

        QUEVAL : Moi ?

        LE LIONNAIS : Oui.

        QUEVAL : Ah ! bon. (Il se tait.)

        LE LIONNAIS : Vous avez la parole.

        QUEVAL : (enchaînant) : On avait parlé de classicisme. Or, il se trouve que j’ai rencontré Luc Estang qui m’a dit « Vous comprenez Boileau lorsqu’il devrait faire une critique de Racine, il avait des points de repère ? Il y avait des règles. Il fallait voir si elles avaient été respectées. Alors Boileau, quand il devait rendre compte du dernier Racine, il pouvait compter les pieds. C’était une base solide pour son papier : ou il y avait le compte ou il n’y avait pas le compte. » Alors j’ai pensé est-ce que nous, nous n’essayons pas aussi d’être classiques d’une certaine façon.

        QUENEAU : Plutôt non Estangien.

        BENS : Je voudrais dire une banalité.

        LE LIONNAIS (affectueux) : Allez-y.

        BENS : Racine n’est devenu classique qu’après coup. C’est un phénomène a posteriori le classicisme.

        QUENEAU (illuminé) : Les vérités premières de Bens sont inéluctables. Je suis pour.

        LESCURE : On est néo-classique.

        QUENEAU : Pré.

        LE LIONNAIS : Ni non, néo ou pré. Mais pour la struc…

        ARNAUD : Quoi ?

        LE LIONNAIS : …ture. Des normes pour tous.

        QUENEAU : Pas de normes normales, mais énormes.

          Image manquante
            

          Sur ce, Raymond Queneau communique (Annexe III  ) un article de Modieus (France-Soir) rapportant les théories de Ashley Montagu sur les origines du langage.

          Différentes réflexions (spirituelles et de bon goût) émaillent la lecture des dites théories.

          Blavier fait état des journées Ch. Bek en octobre 1964 à Verviers. L’OuLiPo vote le soutien et la participation. Elisabeth le soutient seulement. Bens déclare alors qu’il craint le péril jaune.

          Quant à Lescure, il est aux prises avec non-Lescure pour savoir s’il organisera en compagnie de Micha le 25 décembre à Knocke-le-Zoute un festival du film oulipien.

          ***

          L’on parvient quand même à prendre rendez-vous pour le lundi 23 décembre à 12h30.

          Pour le nouveau S.P. :

          Louis Meigret.

          N.B.

          1. Bien sûr J. Ferry sera invité.
          2. Duchateau aurait rapporté – à un moment approprié – un mot de N. Bohr cité par T. Kahan, qui, répondant à une communication de Pauli sur les particules élémentaires, aurait dit : « Nous sommes tous d’accord que votre théorie est folle. La question qui nous divise est de savoir si elle est suffisamment folle pour avoir une chance d’être correcte ».
          Texte

          Ouvroir de Littérature Potentielle

          Circulaire n° 40

          Compte-Rendu du 29 novembre 1963

          Présents : Bens, Berge, Queneau, Queval, Lescure, Le Lionnais, Schmidt, Arnaud, Blavier, Duchateau.

          Invités : Les esclaves : Guy Le Clech’, Michel Bernard.

          Présidents : Le Lionnais, Queneau.

          ***

          L’unanimité se fait sur la tarte aux fraises, malgré l’opposition de Noël Arnaud – partisan de la tarte aux pommes – que Queneau traite de trotskiste, et sur la bi-présidence des co-fondateurs Le Lionnais et Queneau à l’occasion du trianniversaire (et double kirs) de l’OuLiPo.

          Les places sont prises d’assaut, des non-discours prononcés. Puis Le Lionnais se donne la parole et la prend.

          ***

          LE LIONNAIS : Il faudrait insister sur cette notion du non. Michel Bernard est en effet le non auteur de la Bête Ecarlate.

          ARNAUD : Et le non coureur à pied.

          LE CLECH’ : Forcément : le dernier, c’est la Bête Ecarlate.

          LE LIONNAIS : Autre problème : si nous élevons N. Bernard au diaconat suivrons-nous l’exemples du concile qui vient d’octroyer aux diacres le droit au mariage.

          (Bruit blanc prolongé.)

          QUENEAU : J’ai reçu une lettre de Madame Hichberg.

          DUCHATEAU : Moi aussi.

          LE LIONNAIS : Messieurs de la dignité !

          QUENEAU : Elle voudrait qu’on s’intéresse à ces travaux de traductions automatiques.

          TOUS : Mais bien sûr.

          QUENEAU : Personne ne l’a fait.

          TOUS : Elle ne nous a pas communiqué ses travaux.

          QUENEAU : Si, sans cela ma remarque serait sans objet.

          UNE VOIX : Qui a reçu ces travaux ?

          QUENEAU : Nous… moi.

          (Nouveau bruit blanc.)

          DUCHATEAU : Dans sa lettre, Madame Hitchberg me disait qu’elle avait « perforé » nos trois nouvelles, mais que le passage à la machine était retardé par certaines contingences.

          BERGE : L’Euratom n’a pas renouvelé les contrats : Brafford cherche du travail.

          QUENEAU : Gross nous a déjà dit que la traduction automatique avait du plomb dans l’aile aux U.S.A.

          ARNAUD : C’est un complot contre l’OuLiPo.

          BERGE : Gross et Hitchberg ne sont pas d’accord sur les problèmes – et les difficultés – que pose la traduction automatique.

          QUENEAU : Je le répète : méfions-nous de la linguistique.

          LE LIONNAIS : Madame Hitchberg est-elle épuisée ?

          QUENEAU : Cela dépasse ma compétence. Berge vous ne voulez pas vous en occuper ?

          BERGE : Je la prends.

          LE LIONNAIS : Est-ce fini ?

          BENS : Je plaide coupable.

          TOUS : Le haut de forme.

          BENS : J’ai eu connaissance des travaux de Madame Hitchberg. D’ailleurs, à Bruxelles, dès après votre départ, j’avais été victime d’une « enquête » en vue d’une collaboration à leurs travaux.

          LE LIONNAIS : Je vous avais prévenu, il faut toujours dire non. C’est un très grand honneur de travailler pour nous : nous n’avons pas le temps de travailler pour eux.

          (Bruit noir.)

          QUENEAU : Fin janvier, je vais (peut-être) faire une conférence sur l’OuLiPo à l'Institut Poincaré, invité par le Séminaire de linguistique quantitative.

          LE LIONNAIS : Nous irons tous.

          QUENEAU : Merci. A propos de comptes-rendus, c’est bien parti chez Gallimard.

          LESCURE (sous la table) : Y a un trou entre les tables.

          QUENEAU : Tu me prends la jambe.

          LESCURE : On ne peut pas les rapprocher alors.

          ARNAUD : Recommencez à Poincaré, Queval et moi on n’a rien compris.

          QUENEAU (continuant) : C’est sérieux. On fera un tirage restreint pour rester confidentiel, on aura des sous.

          ARNAUD : De quoi parlez-vous ?

          LE LIONNAIS : C’est inadmissible, ils n’écoutent pas !

          ARNAUD : On n’entend rien. (Il est au bout de la table.)

          BENS : J’aime pas le cresson.

          QUEVAL : Très bon titre pour les comptes-rendus, j’aime pas le cresson.

          LE LIONNAIS : Donc vous avez suivi.

          QUEVAL : J’ai deviné.

          QUENEAU : Dans le rapport, j’ai signalé que grâce à Jacques Bens nous pouvions prétendre à une qualité littéraire indiscutable. C’était un argument de choc. (Annexe O  .)

          SCHMIDT : Est-ce que nos noms seront cités ? Ne devrait-on pas rester anonymes ?

          LE LIONNAIS : Non : il n’est rien que nos noms n’honorent.

          BENS : A propos de comptes-rendus : il y a le compte-lescure-rendu : trente pages impossibles à couper. Mais un jour, faites-moi confiance (plusieurs voix : oui, oui), vous l’aurez le compte-rendu. Tout comme les archives : la valeur d’une valise.

          (Duchateau s’écroule.)

          Serveuse : Qui veut des tartes ?

          BLAVIER : Pas moi.

          LE LIONNAIS : Il a la sienne.

          LE CLECH’ : On apporte son manger.

          BLAVIER : J’ai quelque chose à dire : (Annexe I  ).

          BERGE : Je vous ai apporté un poème moebien fourni par Monsieur F… ça se lit en suivant (geste à l’appui).

          QUEVAL : C’est de la littérature tordue : on peut pas la remettre droit.

          QUENEAU : Vandale.

          QUEVAL : Ah ! pardon.

          LE LIONNAIS : Vous avez la parole.

          QUEVAL : Je vais parler d’autre chose : des majuscules. Originairement les majuscules ça sert à marquer le début des vers. On pourrait compliquer, devenir plus subtils : par exemple, les majuscules seraient fonction d’une nécessité logique, des majuscules pour ce qui est important.

          ARNAUD : René Ghil a fait ça déjà.

          QUENEAU : C’est encore un plagiat par anticipation. Moi, j’en ai deux de ces plagiats à vous communiquer :

          Hermes Romanus. C II n° 81 janvier 1817. Poème de 4.000 vers (chacun d’un mot de deux syllabes), les mots étaient empruntés pour les cinq sixièmes au vocabulaire de Catulle. Sujet du poème

          la vraie philosophie. Auteur Barbier Vémars (lequel a également publié les Annales des Arts et Manufactures en 56 volumes in-8 de 336 pages chacun) ;

          2° Plagiat : Gross m’a dit que l’analyse matricielle a déjà été faite par Harris Matthews.

          BERGE : On pourrait peut-être citer aussi la machine à démontrer des théorèmes de Swift : des savants étaient conviés à jeter en l’air des lettres de l’alphabet. Si la réponse était mauvaise, ils recommençaient.

          LE LIONNAIS : Messieurs, un peu de méthode. La parole est à Noël Arnaud.

          QUEVAL : A cerisy, lors de la décade Queneau

          LE LIONNAIS : J’ai dit Noël Arnaud.

          ARNAUD : Je voulais communiquer le papier de Moles sur l’art permutationnel. (Voir Annexe II  .)

          LE LIONNAIS : Nous en discuterons lorsque nous l’aurons tous lu : Queval.

          QUEVAL : Moi ?

          LE LIONNAIS : Oui.

          QUEVAL : Ah ! bon. (Il se tait.)

          LE LIONNAIS : Vous avez la parole.

          QUEVAL : (enchaînant) : On avait parlé de classicisme. Or, il se trouve que j’ai rencontré Luc Estang qui m’a dit « Vous comprenez Boileau lorsqu’il devrait faire une critique de Racine, il avait des points de repère ? Il y avait des règles. Il fallait voir si elles avaient été respectées. Alors Boileau, quand il devait rendre compte du dernier Racine, il pouvait compter les pieds. C’était une base solide pour son papier : ou il y avait le compte ou il n’y avait pas le compte. » Alors j’ai pensé est-ce que nous, nous n’essayons pas aussi d’être classiques d’une certaine façon.

          QUENEAU : Plutôt non Estangien.

          BENS : Je voudrais dire une banalité.

          LE LIONNAIS (affectueux) : Allez-y.

          BENS : Racine n’est devenu classique qu’après coup. C’est un phénomène a posteriori le classicisme.

          QUENEAU (illuminé) : Les vérités premières de Bens sont inéluctables. Je suis pour.

          LESCURE : On est néo-classique.

          QUENEAU : Pré.

          LE LIONNAIS : Ni non, néo ou pré. Mais pour la struc…

          ARNAUD : Quoi ?

          LE LIONNAIS : …ture. Des normes pour tous.

          QUENEAU : Pas de normes normales, mais énormes.

          Sur ce, Raymond Queneau communique (Annexe III  ) un article de Modieus (France-Soir) rapportant les théories de Ashley Montagu sur les origines du langage.

          Différentes réflexions (spirituelles et de bon goût) émaillent la lecture des dites théories.

          Blavier fait état des journées Ch. Bek en octobre 1964 à Verviers. L’OuLiPo vote le soutien et la participation. Elisabeth le soutient seulement. Bens déclare alors qu’il craint le péril jaune.

          Quant à Lescure, il est aux prises avec non-Lescure pour savoir s’il organisera en compagnie de Micha le 25 décembre à Knocke-le-Zoute un festival du film oulipien.

          ***

          L’on parvient quand même à prendre rendez-vous pour le lundi 23 décembre à 12h30.

          Pour le nouveau S.P. :

          Louis Meigret.

          N.B.

          1. Bien sûr J. Ferry sera invité.
          2. Duchateau aurait rapporté – à un moment approprié – un mot de N. Bohr cité par T. Kahan, qui, répondant à une communication de Pauli sur les particules élémentaires, aurait dit : « Nous sommes tous d’accord que votre théorie est folle. La question qui nous divise est de savoir si elle est suffisamment folle pour avoir une chance d’être correcte ».
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