Compte-rendu de la réunion du 28 novembre 1962

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OUVROIR DE
LITTERATURE
POTENTIELLE

Circulaire n° 27

Réunion du mardi 28 novembre 1962

(tenue chez Mme et M. Duchateau, à Paris)

PRESENTS : Arnaud, Bens, Berge, Duchateau, Le Lionnais, Lescure, Queval, Queneau, Schmidt

PRESIDENT : Claude Berge.

Bens ouvre la séance avec un texte isosyntaxique, texte qui a le mérite de proposer plusieurs versions isosyntaxiques à un même texte de départ (cf. Annexe 1 à la présente circulaire  ).

Berge signale, dans la Collection « l’Air du Temps », la description d’une machine à fabriquer des nouvelles sur une structure syntaxique donnée.

A.M. Schmidt promet de nous apporter, la prochaine fois, des sonnets lipogrammatiques de Salomon Certon, poète du XVIe siècle.

LE LIONNAIS :

  1. Finances—je crois que nous aurions tort de demander seulement des frais de déplacement. Il convient que nous touchions quelque chose de plus. Je serais partisan de 20.000 FB—voire 15.000 FB.
  2. Programme—Apportons une partie audio-visuelle, certes. Mais ne nous écartons pas des débuts de l’OuLiPo. On peut donner des exemples de musique algorithmique, de travaux mécaniques, etc. Mais nous aurions tort de laisser entendre que l’OuLiPo se fonde sur l’utilisation des machines.

QUENEAU : Pour ma part, j’ai toujours pensé que nous ferions, sur des images de machines, un commentaire fantaisiste.

LE LIONNAIS : Dès maintenant, nous avons suffisamment de matériaux pour faire : un récital de lectures et une discussion générale. Il s’agit de préparer la discussion. Je propose que chacun de nous reprenne la question des buts de l’OuLiPo, et qu’il étudie un projet nouveau de LiPo (structure, méthode, etc.). On pourra engager la discussion sur ces projets. Il serait sage de prévoir les objections éventuelles et de préparer les réponses. Pour le récital, on peut présenter sur tableau noir avec lettres mobiles : des S + 7, des isosyntaxismes, des haïkaï intersectifs.

LESCURE : Peut-être pourrions-nous nous transporter avec des films déjà effectués. Je verrai le GRI de la RTF.

(Bens manifeste une certaine inquiétude.)

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    BERGE : Le système du tableau noir risque de jeter un ombre de pédantisme sur des réalisations cependant très modestes.

    QUENEAU : Si ce n’est pas visuel, le travail n’apparaîtra pas.

    LE LIONNAIS : Il nous faut un tableau à substitutions.

    BERGE : Je m’oppose à cette méthode. En tant que qu’ancien élève de Montessori

    SCHMIDT : Il faut pourtant bien montrer que notre travail n’est pas gratuit, qu’il n’a rien de commun avec celui des Surréalistes.

    BENS : On peut indiquer la méthode avec l’aide des tableaux, puis lire des exemples rapidement.

    QUENEAU : Je pense à Mallarmé. On peut faire un exercice immédiat devant et avec le public.

    BENS : Nous allons nous heurter au problème éternellement épineux des exercices strictement automatiques (pouvant être réalisés par des machines, sans parler des crétins) et de ceux qui réclament un choix. Poserons-nous ce problème un public ? Cela me paraît bien délicat.

    QUENEAU : On peut organiser le programme pour que ce soit possible.

    LE LIONNAIS : On peut donner des exemples appartenant au passé, et signaler des projets permettant de poser le problème dont Bens vient de parler et quelques autres.

    BENS : On avait me semble-t-il, prévu trois séances : vendredi soir, samedi après-midi, samedi soir. Ne pourrait-on, le vendredi, demander des amateurs pour la discussion du samedi soir ?

    QUENEAU : L’OuLiPo est la cause indirecte d’une nouvelle brouille entre Jean Paulhan et moi.

    SCHMIDT : J’ai remarqué, de mon côté, que depuis la parution de Dossier OuLiPo on ne me fait plus service de la revue. Enfin, Dominique Aury est gênée quand je lui parle de L’OuLiPo ! Je crois que Paulhan n’aime pas les Sociétés secrètes dont il n’est pas l’inspirateur.

    Prochaine réunion  : vendredi 14 décembre, de nouveau chez les Duchateau.

    Le S.P.

    Texte

    OUVROIR DE
    LITTERATURE
    POTENTIELLE

    Circulaire n° 27

    Réunion du mardi 28 novembre 1962

    (tenue chez Mme et M. Duchateau, à Paris)

    PRESENTS : Arnaud, Bens, Berge, Duchateau, Le Lionnais, Lescure, Queval, Queneau, Schmidt

    PRESIDENT : Claude Berge.

    Bens ouvre la séance avec un texte isosyntaxique, texte qui a le mérite de proposer plusieurs versions isosyntaxiques à un même texte de départ (cf. Annexe 1 à la présente circulaire  ).

    Berge signale, dans la Collection « l’Air du Temps », la description d’une machine à fabriquer des nouvelles sur une structure syntaxique donnée.

    A.M. Schmidt promet de nous apporter, la prochaine fois, des sonnets lipogrammatiques de Salomon Certon, poète du XVIe siècle.

    LE LIONNAIS :

    1. Finances—je crois que nous aurions tort de demander seulement des frais de déplacement. Il convient que nous touchions quelque chose de plus. Je serais partisan de 20.000 FB—voire 15.000 FB.
    2. Programme—Apportons une partie audio-visuelle, certes. Mais ne nous écartons pas des débuts de l’OuLiPo. On peut donner des exemples de musique algorithmique, de travaux mécaniques, etc. Mais nous aurions tort de laisser entendre que l’OuLiPo se fonde sur l’utilisation des machines.

    QUENEAU : Pour ma part, j’ai toujours pensé que nous ferions, sur des images de machines, un commentaire fantaisiste.

    LE LIONNAIS : Dès maintenant, nous avons suffisamment de matériaux pour faire : un récital de lectures et une discussion générale. Il s’agit de préparer la discussion. Je propose que chacun de nous reprenne la question des buts de l’OuLiPo, et qu’il étudie un projet nouveau de LiPo (structure, méthode, etc.). On pourra engager la discussion sur ces projets. Il serait sage de prévoir les objections éventuelles et de préparer les réponses. Pour le récital, on peut présenter sur tableau noir avec lettres mobiles : des S + 7, des isosyntaxismes, des haïkaï intersectifs.

    LESCURE : Peut-être pourrions-nous nous transporter avec des films déjà effectués. Je verrai le GRI de la RTF.

    (Bens manifeste une certaine inquiétude.)

    BERGE : Le système du tableau noir risque de jeter un ombre de pédantisme sur des réalisations cependant très modestes.

    QUENEAU : Si ce n’est pas visuel, le travail n’apparaîtra pas.

    LE LIONNAIS : Il nous faut un tableau à substitutions.

    BERGE : Je m’oppose à cette méthode. En tant que qu’ancien élève de Montessori

    SCHMIDT : Il faut pourtant bien montrer que notre travail n’est pas gratuit, qu’il n’a rien de commun avec celui des Surréalistes.

    BENS : On peut indiquer la méthode avec l’aide des tableaux, puis lire des exemples rapidement.

    QUENEAU : Je pense à Mallarmé. On peut faire un exercice immédiat devant et avec le public.

    BENS : Nous allons nous heurter au problème éternellement épineux des exercices strictement automatiques (pouvant être réalisés par des machines, sans parler des crétins) et de ceux qui réclament un choix. Poserons-nous ce problème un public ? Cela me paraît bien délicat.

    QUENEAU : On peut organiser le programme pour que ce soit possible.

    LE LIONNAIS : On peut donner des exemples appartenant au passé, et signaler des projets permettant de poser le problème dont Bens vient de parler et quelques autres.

    BENS : On avait me semble-t-il, prévu trois séances : vendredi soir, samedi après-midi, samedi soir. Ne pourrait-on, le vendredi, demander des amateurs pour la discussion du samedi soir ?

    QUENEAU : L’OuLiPo est la cause indirecte d’une nouvelle brouille entre Jean Paulhan et moi.

    SCHMIDT : J’ai remarqué, de mon côté, que depuis la parution de Dossier OuLiPo on ne me fait plus service de la revue. Enfin, Dominique Aury est gênée quand je lui parle de L’OuLiPo ! Je crois que Paulhan n’aime pas les Sociétés secrètes dont il n’est pas l’inspirateur.

    Prochaine réunion  : vendredi 14 décembre, de nouveau chez les Duchateau.

    Le S.P.

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