Séance 10/9/71
Lecture du CR de Bens
Interrompue par l’arrivée de Braffort
Et par divers commentaires
Suscite un commentaire
Le P.F. récuse la plus grande partie des propos qui sont prêtés par le C-R
Les cors au pieds
Corrections – attributions rendre à Arnaud ce qui était attribué à Queneau. N. Arnaud critique : absence d’une partie de la discussion sur Joyce
Queneau phonostylistique du Français
Le phonème et sa signification pour les critiques, les stylisticiens, psychologues, et philosophes. « La clef des sons » MB
Ex. le son a. balivernes sur
Intervention générale quoique bienvenue de Braffort
« Prenons une phrase et interprétation selon un système philosophique choisi, et on obtient … »
« citadelle et mortadelle »
Interruption pour promenade agreste et bain de soleil.
N.A. ne craignant pas la choléra recueille Pire Pensif
Menus propos
FLL : Helmley : l’inviter pour le 26 comme invité illisible ou l’inviter pour le café
Discussion : permettre à Helmley de voir ses amis
Braffort : congrès de l’IFIP (informatique : étude thématique Joyce)
Intervention de Queval : la biographie de Mc Gallaghan : le plus mauvais poète de la langue anglaise.
Menus propos de Queval : la Comédie humaine : en faire une suite de films à partir de l’index. Partir du Père Goriot, trois embouchures possibles,
Cousin Pons, Cousine Bette (le plus mauvais des romans illustres), Splendeur
Arnaud : refaire des romans avec les personnages secondaires de la Comédie Humaine
Queneau : refaire les romans avec les descendants des héros. Une comédie humaine diachronique.
Attitude inadmissible du Président Queval qui, en raison de la mauvaise qualité de son melon, nous prive tous de la parole
Intervention illégale de Président Fondateur qui défend et illustre ses melons
13 17 (contestation sur le chiffre des suivants) séance ouverte
Benabou : singe de beauté, drame alphabétique
FLL article du Monde
Queneau : ensemble floconneux
Braffort : s’engage à produire texte sur concepts mathématiques de base
Prise de bec entre Arnaud et FLL Problème personnel de FLL : longue intervention
Choisir entre le travail devant un tableau noir et mla rigolade
Queneau : Bens a une idée trop haute de l’OULIPO
Luc Etienne et Braffort : l’Oulipo groupe sympathique
Braffort : le Cas du Vase brisé
Passage de la structure prosodique à la structure romanesque
Perec et Bens : différence de leur attitude littéraire
Rêve de FLL : créer des structures valables pour une très grande clientèle (style sonnet ou tragédie en 5 actes)
Action
FLL : icogramme
Fournel : ex Cape
Meschinot : poème à lire de 36 façons
Queneau : S+7
Invités d’honneur
OUvroir de LIttérature POtentielle
Réunion de l’OuLiPo du Vendredi 10 Septembre 1971
Présents : François Le Lionnais, Raymond Queneau, Noël Arnaud, Luc Étienne, Jean Queval, Paul Fournel, Paul Braffort, Marcel Bénabou. (par ordre approximatif d’arrivée)
Excusés (explicitement ou tacitement) : les autres.
Président de séance, élu à l’unanimité : Jean Queval
Secrétaire : Marcel Bénabou.
La séance commence, sous la tonnelle et sous le soleil, par la lecture du C.B. de la réunion précédente. Plutôt qu’un récit circonstancié des faits, ce C.R., œuvre de J. Bens, est une longue méditation sur les raisons d’être – ou de ne pas être – de l’OuLiPo. Divers commentaires, ainsi que l’arrivée de P. Braffort, interrompent cette lecture : on relève que le C.R. attribue certains propos à d’autres qu’à leurs auteurs (F.LL notamment ne se reconnaît guère dans les propos qui lui sont prêtés), on ôte donc à Queneau pour rendre à Arnaud, mais surtout on s’interroge sur le bien-fondé des craintes de J. Bens au sujet de l’avenir de l’OuLiPo (et de son présent). Mais la véritable discussion de fond sur ce sujet est renvoyée à la prochaine séance (à laquelle Bens assistera).
Queneau présente une thèse américaine sur la Phonostylistique du Français. Il s’agit d’une étude des phonèmes françaises et de la signification qui leur est attribuée par les critiques, stylisticiens, psychologues et philosophes. Le secrétaire propose de rebaptiser cet ouvrage : la Clef des Sons.
R.Q. donne lecture de quelques exemples des balivernes contradictoires proférées sur les diverses qualités suggestives du son « a ». Une intervention aussi brève que géniale de Braffort. : « Prenons une phrase quelconque, interprétons-la selon un système phonostylistique choisi, nous obtiendrons automatiquement la matière et la coloration d’un récit. » suscite l’enthousiasme.
R.Q. remarque que les mots phonétiquement proches – comme citadelle et mortadelle – devraient, en bonne logique phonostylisticienne, évoquer des suggestions voisines.
Courte interruption. C’est au milieu du jardin que la séance reprend, tandis que le P.F., qui a retenu les leçons du dernier C.R., fait procéder à une nouvelle distribution de boissons alcoolisées autant qu’apéritives. Les propos qui s’échangent – quoique qualifiés de menus par l’ordre du jour – agitent de graves problèmes :
– Braffort donne une nouvelle preuve de l’universalité de son esprit en parlant successivement :
– Echange de propos érudits entre R.Q. et J.Q. à propos de Mc Gallaghan, le plus mauvais poète de la langue anglaise
On quitte alors le jardin, le soleil, et l’apéritif, pour se mettre à table. Discussion sur Balzac.
J.Q. propose de faire, sur la Comédie Humaine, une suite de films en partant de l’index. Si l’on part du Père Goriot, 3 embouchures sont possibles : Cousin Pons – Cousine Bette – Splendeurs.
N. Arnaud veut refaire la Comédie Humaine uniquement avec les personnages secondaires.
R.Q. propose de la refaire avec les descendants des héros ; ce serait une Comédie Humaine diachronique.
Incident de séance : J.Q. jugeant son melon insuffisamment mûr, nous prive tous de la parole. Le P.F., en une intervention vigoureuse quoiqu’illégale, prononce un plaidoyer pour le cucurbitacé injustement diffamé.
Au chapitre d’action, F.LL pose le problème de l’icogramme et du papier à lettre aux armes de l’OuLiPo : carte blanche lui est donnée pour engager les dépenses nécessaires à cette opération de prestige. Paul Fournel 1, qui met la dernière main à la préparation du dossier ex-Cape, lance un appel véhément à ceux qui n’ont pas encore envoyé un « mode d’emploi » de leurs textes. On parle aussi de Meschinot, et du poème à lire de 36 façons. On règle la question des futurs invités d’honneur. (Liste adoptée : Leiris, Rey (Dictionnaire Robert), Leipp, Thom, Clancier, Quemada, Effel.)
Bénabou présente deux mini-créations : deux traductions homophoniques (baptisées Singe de beauté) et un drame alphabétique inachevé, fait avec l’alphabet grec.
R.Q. parle des ensembles floconneux (ou flous).
Braffort s’engage à fournir dans les moindres délais un texte – à l’usage des non initiés – sur les concepts mathématiques de base. On attend avec le plus grand intérêt qu’il fasse honneur à la parole donnée.
Grande discussion générale sur les structures mathématiques et l’OuLiPo.
F.LL propose de constituer au sein de l’OuLiPo un « Bureau d’études » constitué par des spécialistes disposant d’un temps suffisant ce qui provoque une sérieuse contestation de la part de N.A.
1A ne pas confondre avec Paul Fournier, haut fonctionnaire de la SDECE actuellement inculpé pour trafic de drogues (Note ajoutée le 16.XI.71 par le P.F.)
Longue et passionnée, intervention de F.LL : il évoque les débuts de l’OuLiPo, et le problème cornélien qui s’est posé à lui : choisir entre le travail sérieux devant un tableau noir (ce vers quoi allait son goût personnel) et la rigolade (ce qui lui convenait également).
R.Q. estime que J.B. se fait une idée trop haute de l’OuLiPo et en attend plus qu’il n’est possible à l’OuLiPo de lui apporter.
Braffort et L. Etienne sont d’avis que l’OuLiPo doit être avant tout un groupe sympathique où chacun se sente encouragé dans ses recherches.
F.LL : Mon rêve à l’origine était de créer des structures (comme le sonnet ou la tragédie en 5 actes) valables pour une très grande clientèle, à côté de structures acrobatiques.
P. Braffort évoque l’expérience faite avec le Vase brisé : passage d’une structure prosodique à une structure romanesque.
La séance s’achève fort tard, après bien des échanges bilatéraux. Chacun s’accorde à penser que la réunion du 26 Octobre sera d’une importance capitale.
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