OUVROIR DE LA LITTERATURE POTENTIELLE
Circulaire n° 70
COMPTE-RENDU DE LA REUNION DU 25 FEVRIER 1966
(Basque)
PRÉSENTS : J. Bens, R. Queneau, F. Le Lionnais, N. Arnaud, J. Queval, J. Lescure, Latis, J. Duchateau.
PRÉSIDENT : J. BENS.
Le Lionnais évoque les obsèques de notre irremplaçable ami A.M. Schmidt.
LATIS : Quand je pense aux recherches qu’il avait faites pour le Collège, j’en suis encore confus.
R. QUENEAU : J’ai écrit pour Réforme un article qui m’a été demandé en tant que membre de l’OuLiPo : A.-M. Schmidt avait su convaincre ses amis de l’intérêt de nos travaux.
J. DUCHATEAU : Nous sommes moins méconnus que nous le pensons.
N. ARNAUD : Etait-ce Mauriac ? (présent à la cérémonie)
R. QUENEAU : J’ai déjeuné avec lui, il y a peu de temps, il était moins tendu.
J. BENS : Moins tendu ?
R. QUENEAU : Oui, plus…
J. QUEVAL : Vous voulez dire moins jeune ?
N. ARNAUD : C’est ce que je pensais.
J. BENS : Bref, Queneau est au parfum. Nous sommes Frey.
Bravo unanime pour le Vian d’Arnaud qui signale dans Arts un texte dédié à Vian composé avec les mots rares du dictionnaire Seghers.
Latis signale l’existence d’un texte intitulé « les Elections » composé avec tous les pièges « orthographiques » de la langue française.
J. DUCHATEAU : Il faut lire, au Seuil, les formalistes russes.
R. QUENEAU : Et le Butor chez Gallimard.
Le Lionnais, à propos d’une conférence de Moreau, parle de Zipf (rang x fréquence d’un mot dans un texte = K. Exemple pris dans Ulysse : les mots d’un texte étant classés par ordre d’apparition, si le dixième mot apparaît 2653, nous aurons : rang 10 x fréquence 2653 = 26.530. Le millième mot apparaît 26 fois, d’où 1 000 x 26 = 26.000.)
Cette loi a été complétée par Mandelbrot et Guiraud qui font intervenir le nombre de phonèmes : les mots les plus courts étant les plus faciles à identifier et se trouvant affectés aux concepts les plus fréquents.
F. LE LIONNAIS : Il faudrait faire des textes anti-Zipf.
J. DUCHATEAU : On a essayé, en vain.
F. LE LIONNAIS : Il faudrait essayer de nouveau.
Quelqu’un dit 22.
J. BENS : ça, c’est la loi de Caille.
F. LE LIONNAIS : Je propose une nouvelle structure : l’immersion = deux figures immergées dans l’espace pour être raccordées. De même, un auteur prendrait deux auteurs différents et composerait un troisième texte.
LATIS : Il y a les trous du Satiricon comblés par Nodat.
F. LE LIONNAIS : Ce n’est pas de l’immersion.
LATIS : C’est remarquable.
Queneau signale qu’il a envoyé à chacun un Bopp ; et Latis annonce qu’il a découvert Polti remis au Secrétariat pour Braffort.
F. LE LIONNAIS : L’O.R.T.F. voudrait faire faire de l’art par les machines.
R. QUENEAU : Arnaud.
N. ARNAUD : Ce n’est pas moi.
J. QUEVAL : Les machines de l’O.R.T.F., pour me payer, doivent établir des cachets imaginaires.
J. LESCURE : J’ai trouvé un titre pour un film de Joannon : Papa, pas papa.
J. QUEVAL : Sous Bens c’est l’anecdote-reine.
J. BENS : Baba pas Baba.
R. QUENEAU : Deux invités : Mathews, romancier américain oulipien, Miclau, linguiste.
La Serveuse (à J. Bens) : Vous n’avez pas aimé ?
J. BENS : C’est pas moi. (C’était Queval.)
R. QUENEAU : Cafard
Latis annonce que Sa Magnificence ayant pris connaissance des travaux de Duchateau consacré à OHNET, a décidé de nommer Duchateau Régent de Diégématique.
Prochaine réunion : 4 avril 1966 – invitée : E. Genestoux.
A prévoir : réunion fin mai – invité : M. Leiris.
Le S.P.
J.D.
{p. 8}
{p. 9}
{p. 10}